Extrait

  L'adversaire tenace me ceignit de ses irréels et implacables tentacules.

  Dès lors, ce fut une lutte inégale, lutte intense à l'impitoyable âpreté.

 Brusquement, mon cerveau fut envahi par la 5^e symphonie de Beethoven. La résonnance des quatre premières notes, ces quatre électrisants : pom, pom, pom, pom, m’ébranlèrent.

  Symphonie pour ma mort prématurée ?

  Les membres à demi paralysés, la tête meurtrie émergeant avec peine hors de cette tumultueuse masse liquide, l'aspiration suprême de délirer m'étreignit. Il ne me restait plus qu’à déclamer l'ultime réplique de cette comédie dramatique : Tu vois m’man où mon orgueil indomptable m’a poussé ! Un défi absurde. M'man ! si tu savais comme je regrette !

   Dans cette lutte qui s'annonçait finale, je me métamorphosai. Je me débattis au nom de la filiation maternelle que je désirai exprimer avec intensité. La mâchoire contractée par le froid, sous l’emprise du tumulte épouvantable du Triel, je poursuivis mon monologue intérieur. En bambin réincarné, je balbutiai des incohérences qui s’apparentaient à des vérités grandioses.

  Appels déchirants : maman où es-tu ?

  Maman, ce terme affectueux m'avait presque échappé. J'exhumai de l’ossuaire de ma mémoire les restes d'un cadavre. Je n'eus qu'un souhait, révélateur de sensations envolées, à l'instant où la mort me frôlait : ressusciter un petit corps vêtu de parures soyeuses de la prime enfance.

Liseuse (Kindle), tablette, pc, téléphone.

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