Printemps 1981.

    Les enseignes lumineuses incitatrices des devantures de bars et leurs intérieurs aux lumières tamisées se chargeaient de faire oublier aux visiteurs de passage, aspirés en ces lieux, que des enfants, des femmes et des hommes de condition miséreuse s’étiolaient en ces masures insalubres.

    Les néons clignotants aux scintillements psychédéliques maquillaient la noirceur. Et les juke-boxes crachaient par les portes entrouvertes, les rythmes hard et soul. Les décibels s'engouffraient dans la nuit, aspirés par les ténèbres sataniques.

Au cœur de ce cloaque, rue du chevalier Paul, à la porte du bar Le Pélican, des entraîneuses papotaient dans l’attente des premiers consommateurs. L'une d'entre elles, qui avait endossé l’habit d'hôtesse que depuis plusieurs semaines, supplantait ses nouvelles camarades par sa beauté déroutante et sa taille filiforme.

   Sa peau satinée, nuancée entre miel et ambre, illuminait l'élégance naturelle de sa gracile plastique. Une épaisse chevelure d'ébène légèrement ondulée coulait sur ses épaules et encadrait un visage poupin d'où jaillissaient deux yeux en amande, couleur du jais, qui révélaient un regard légèrement hautain qui, d’ailleurs, s'opposait avec sa récente activité.

     D'une voix à la suavité forcée, elle avisa une silhouette svelte masculine :

     — Tu viens prendre un verre beau blond ?...

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