Prélude

    Cette épopée médiévale mystique se situe dans la seconde partie du XII^e siècle et débute à l’abbaye de l’Aumône en comté de Dunois.

Thibaut IV, comte de Champagne et de Blois, nouant des rapports amicaux avec Bernard de Clairvaux, et sachant son désir d’élever des abbayes dans les pays chrétiens, lui fit donation de terres proches du village de la Colombe, dans la forêt de Cîteaux ; et fit de nombreux autres dons afin d’y édifier une nouvelle abbaye.

Étienne Harding, abbé de Cîteaux, met à la tête de cet ambitieux projet, Ulric, un de ses religieux qui deviendra le premier abbé, avec la bénédiction solennelle de Geoffroy, évêque de Chartres. Ulric aura la lourde tâche de diriger les travaux qui s’annoncent colossaux. Il prendra conscience que l’ampleur de l’ouvrage ne pourra se réaliser qu’avec d’importantes donations, outre celles de Thibaut IV.

Ainsi, en remerciement des nombreux dons, l’abbé Ulric donnera le nom d’« Aumône » à l’abbaye.

C’est ainsi que le comte Thibaut IV en devint le premier donateur et assista à la pose de la première pierre de « Notre-Dame de l’Aumône » en 1121.

    Bruno né en 1145 est le cadet des trois garçons de la famille de Reilhac ; Landelin, l’aîné né en 1138 ; et Georges le second né en 1141. Leur sœur Clervie née en 1147.

Dès son plus jeune âge, et étant le troisième garçon de la fratrie, son père Alcide le sensibilisa sur le fait que son entrée en religion était dans l’ordre de son rang de naissance.

    Bruno est un jeune homme au tempérament sec et mesure environ un mètre soixante-seize, la taille fine, a de longues mains aux doigts effilés. Sa chevelure châtain clair encadre un visage anguleux. Il a un petit nez droit, un front haut d’intelligence et déjà soucieux ; quant à ses yeux, ombragés de longs cils recourbés, ils sont remarquables. D’une couleur entre le gris et le pers pailletés d’or reflétant une grande bonté, et une douceur qui pourrait paraître désarmante. Ce n’est pas ce que l’on appellerait un éphèbe, non, mais il a un charme singulier qui intrigue et attire, certainement dû à cette couleur d’yeux qui agit tel un aimant.

    Son oncle, Roman, comte de Tomuze, frère cadet de sa mère Garsende, et étant à la tête du district archipresbytéral d’Autun, avec doigté, avait pourtant tenté d’éveiller l’esprit de son neveu sur les congrégations de chanoines, ayant plus de souplesse quant à l’engagement religieux. Mais Bruno avait une inclination naturelle pour la rigueur, la justice, la charité, l’austérité et la piété ; inclination qui le portait à révérer le Seigneur dans un intentionnel dénuement absolu.

C’est d’ailleurs son oncle Roman qui, lors de réunions familiales, avait louangé son vieil ami Augalon. « Père abbé d’une abbaye ensauvagée, en cours d’édification, et proche du Grand Architecte. » Cette métaphore avait fasciné le jeune Bruno.

Certes, les années passant, il eut sa période où il goûta aux plaisirs, mais l’idée de se rendre à l’abbaye de l’Aumône, qui toujours selon son oncle, symbolisait la stricte observance, ne l’avait jamais totalement abandonné.

Le moment venu ; son oncle, lui remit un parchemin d’introduction auprès de son ancien compagnon d’études, l’abbé Augalon successeur de l’abbé Ulric.

    C’est ainsi que Bruno, âgé de dix-neuf ans, partit en juin 1164 pour la jeune abbaye de l'Aumône, une besace à l’épaule et un bourdon à la main.

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